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Auteurs Vertigineuses
26 avril 2006

' Issue de Secours '

    J'ai les pieds trempés, mes godillots sont recouverts de la boue de la pelouse parce que je n'ai pas eu le courage de prendre l'allée. J'ai bien du mal à ouvrir la porte de l'immeuble, il est tard, il fait nuit et j'ai l'impression de faire un bruit d'enfer. Comme quand j'ai du mal à trouver la serrure dans le noir, que j'aurais dû rentrer il y a quelques heures déjà, et qu'une présence maternelle m'attends dans l'obscurité du séjour. La confiance règne... De toute façon, je ne la mérite pas, ça c'est sûr...

    Donc je monte doucement les trois étages du bâtiment étudiant en essayant de ne pas réveiller tout le monde, ce qui n'est pas facile, vu que je porte sur mes épaules tout un tas de bazar, mal arrimé, qui valdingue de tous les côtés et harcèle les barreaux de la cage d'escalier à intervalles réguliers. Mais j'ai besoin d'emmener plein de choses pour être bien dans ma tête partout où je vais... Ne manquer de rien. En toutes circonstances.

    J'arrive en haut, je ne me suis pas trompé d'étage pour une fois, comme quoi on peut avoir les idées claires, même très tard et très gaie! Le panneau lumineux 'issue de secours' me nargue comme les six fois par jour en moyenne où je le vois, pendu sur son mur moucheté miteux et grisaillant l'atmosphère à la lueur de la lune. Ces lettres blanches sur fond vert me font croire depuis que je suis ici qu'il y a un 'ailleurs', et qu'on peut y aller le jour on l'on n'en peut vraiment plus de ce décor... Foutaises! Enfin c'est le recul qui me fait dire ça, parce que c'est partout pareil, on emmène la grisaille avec soi, la couleur est en nous, c'est nous qui la badigeonnons partout où l'on passe, c'est nous qui donnons vie aux choses. Je crois bien que je n'ai pas eu le 'color package'...

    Je parcours les derniers mètres jusqu'à ma porte. Je sors ma clef et lutte pour ouvrir. L'ouverture béante amène jusqu'à moi une odeur si familière qui m'indique que rien de constructif n'a encore été fait aujourd'hui. J'ouvre la fenêtre, frissonne, m'assieds à la table, mets la télé en sourdine et attends mon prochain cycle de sommeil. J'attends le prochain jour et le colore en noir à l'avance.

    J'ai vingt ans et j'ai envie qu'on vienne me chercher.

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Commentaires
M
MDR ! C'est mon clavier il vieux comme je sais pas quoi il prend pas des lettres parfois... Ou alors c'était pitetre inconscient... ;)) Ouais je vais m'y mettre :D
T
T'en es certain?? mdr... tu t'y mets c'est nul... ;)
M
C'est cool ça :) Oui c'est un point positif, j'en suis certain ! Bisous je vais lire ton autre post :p
T
C'est un peu toi qui m'a fait écrire ce texte! Je m'explique : en replongeant un peu dans le passé, enfin pas si loin que ça, je me suis rememoré pas mal de choses, et certaines sont encore source de souffrance aujourd'hui, et voilà... Ca ne s'arrange pas avec le temps, enfin pas tout seul, voilà pourquoi je travaille beaucoup pour 'mener ma vie' et pas me faire ballader par elle, dixit moi!!<br /> Si tu trouves un peu de vérité là dedans, c'est que je ne suis pas si solitaire dans mes 'divagations', et toi non plus! <br /> Est-ce un point positif?? Je ne sais pas...<br /> A bientôt la Miss!
M
"Foutaises! Enfin c'est le recul qui me fait dire ça, parce que c'est partout pareil, on emmène la grisaille avec soi, la couleur est en nous, c'est nous qui la badigeonnons partout où l'on passe, c'est nous qui donnons vie aux choses."<br /> -> Je suis bien d'accord !
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